État du Tamil Nadu c. État du Karnataka (26/04/1991) (Différends relatifs à l'eau de Cauvery)
ÉTAT DU TAMIL NADU ETC.
v.
ÉTAT DU KARNATAKA ET ORS.
26/04/1991
KASLIWAL, NMJ
Jugement
1. Ces recours, sur autorisation spéciale, sont dirigés contre l'ordonnance du Tribunal des différends relatifs aux eaux de Cauvery en date du 5 janvier 1991. Les recours susmentionnés ont été déposés par les gouvernements du Tamil Nadu et du Territoire de l'Union de Pondichéry au sujet des requêtes civiles diverses (en abrégé CMP) n° 4 et 9 de 1990 du Gouvernement du Tamil Nadu et de la CMP n° 5 de 1990 déposée par le Territoire de l'Union de Pondichéry et rejetées par le Tribunal par une ordonnance commune en date du 5 janvier 1991.
2. Comme des questions de droit identiques se posent dans ces affaires, nous rappelons les faits de la plainte déposée par le gouvernement du Tamil Nadu. Le gouvernement du Tamil Nadu a déposé une plainte datée du 6 juillet 1986 au motif que les intérêts de l'État du Tamil Nadu et de ses habitants (en particulier les agriculteurs du delta du Cauvery) avaient été et sont lésés de manière préjudiciable et préjudiciable par les mesures exécutives prises et envisagées par l'État riverain supérieur du Karnataka et par le fait que cet État n'a pas mis en œuvre les termes des accords relatifs à l'utilisation, à la distribution et au contrôle des eaux du fleuve Cauvery. Ladite plainte a été déposée auprès du gouvernement central en vertu de l'article 3 de la loi de 1956 sur les conflits interétatiques relatifs à l'eau (ci-après dénommée la loi).
3. Le gouvernement central, par notification datée du 2 juin 1990, a constitué le Tribunal des litiges relatifs à l'eau de Cauvery et a rendu l'ordonnance de renvoi suivante n° 21/1/90-WD Gouvernement de l'Inde (Bharat Sarkar) Ministère des ressources en eau Jal Sansadhan Mantralaya)
New Delhi, le 2 juin 1990.
RÉFÉRENCE Dans l'exercice des pouvoirs conférés par le sous-paragraphe (1) de l'article 5 de la loi de 1956 sur les conflits interétatiques relatifs à l'eau (33 de 1956), le gouvernement central renvoie par la présente au Tribunal des conflits interétatiques relatifs à l'eau de Cauvery pour le règlement des conflits liés à l'eau concernant la rivière interétatique Cauvery et sa vallée fluviale, découlant de la lettre n° 17527/K2/82-110 datée du 6 juillet 1986 du gouvernement du Tamil Nadu (copie ci-jointe).
Par ordre et au nom du Président de l'Inde (MA CHITALE) SECRÉTAIRE, (RESSOURCES EN EAU)
4. Président, Tribunal des litiges relatifs à l'eau de la Cauvery, New Delhi. Pendant la durée de la procédure, le gouvernement du Tamil Nadu a déposé le CMP n° 4 de 1990 demandant que l'État du Karnataka soit tenu de ne pas retenir ni utiliser l'eau de la rivière Cauvery au-delà de la quantité retenue ou utilisée par lui au 31.5.1972, comme convenu par les ministres en chef des États du bassin et le ministre de l'Union pour l'irrigation et l'énergie. Il a en outre été demandé qu'une ordonnance soit émise interdisant à l'État du Karnataka d'entreprendre de nouveaux projets 507, barrages, réservoirs, canaux, etc., et/ou de poursuivre la construction de projets, barrages, réservoirs, canaux, etc. dans le bassin de la Cauvery. Le 8 septembre 1990, le CMP n° 5 de 1990 a été déposé par le territoire de l'Union de Pondichéry demandant une ordonnance provisoire ordonnant aux États du Karnataka et du Kerala de libérer l'eau déjà convenue, soit 9 355 TMC pendant les mois de septembre à mars.
5. Le gouvernement du Tamil Nadu a déposé une autre pétition émergente CMP n° 9 de 1990 pour ordonner à l'État du Karnataka de libérer au moins 20 TMC d'eau en tant que première tranche en attendant les ordonnances finales sur le CMP n° 4 de 1990. Cette pétition a été soumise au motif que la récolte de Samba ne peut être maintenue sans approvisionnement supplémentaire au réservoir de Mettur.
6. L’État du Karnataka et l’État du Kerala se sont opposés à toutes les requêtes en référé susmentionnées, tant sur le fond que sur une objection préliminaire selon laquelle le Tribunal n’avait ni le pouvoir ni la compétence pour examiner ces requêtes en vue d’accorder des mesures provisoires. L’objection préliminaire était fondée sur le fait que le Tribunal constitué en vertu de la Loi avait une compétence limitée. Il n’avait aucun pouvoir inhérent comme un tribunal civil ordinaire. Il n’avait que les pouvoirs qui lui avaient été conférés par la Loi et aucune disposition de la loi n’autorisait ou ne conférait une compétence quelconque au Tribunal pour accorder des mesures provisoires.
7. Le Tribunal a retenu l'objection soulevée au nom de l'État du Karnataka et de l'État du Kerala et, par conséquent, par son ordonnance du 5 janvier 1991, il a déclaré que le Tribunal ne pouvait pas examiner les demandes d'octroi de mesures provisoires et que les CMP n° 4, 5 et 9 n'étaient pas recevables en droit et ont donc été rejetées. L'État du Tamil Nadu et le Territoire de l'Union de Pondichéry ont déposé des recours contre l'ordonnance précitée du Tribunal.
8. Le Dr YS Chitale, représentant le défendeur, État du Karnataka, a soulevé une objection selon laquelle la Cour n'avait pas compétence pour connaître d'un recours contre l'ordonnance contestée du Tribunal. Il a été soutenu que l'article 262 de la Constitution prévoyait clairement que le règlement des différends relatifs aux eaux des rivières interétatiques devait être décidé par une loi adoptée par le Parlement à cet égard. La clause (2) de l'article 262 prévoyait en outre que le Parlement pouvait, par une loi, prévoir que ni la Cour suprême ni aucune autre cour n'exercerait sa compétence à l'égard d'un différend ou d'une plainte visés à la clause (1), nonobstant toute disposition contenue dans la présente Constitution. Il a été soutenu que la loi de 1956 sur les différends relatifs à l'eau entre États avait été promulguée par le Parlement pour prévoir le règlement des différends relatifs aux eaux des rivières interétatiques et des vallées fluviales. L’article 11 de cette loi stipulait que « Nonobstant toute disposition contenue dans toute autre loi, ni la Cour suprême ni aucun autre tribunal n’aura ou n’exercera sa compétence à l’égard de tout litige relatif à l’eau qui pourrait être soumis à un tribunal en vertu de la présente loi. » Il a donc été soutenu que l’article 11 ci-dessus supprimait clairement non seulement la compétence de tout autre tribunal mais aussi celle de la Cour suprême en termes exprès.
9. D'autre part, M. K. Parasaran, avocat érudit représentant l'État du Tamil Nadu, a soutenu que les dispositions contenues dans l'article 11 de la loi, lues conjointement avec l'article 262 de la Constitution, excluaient uniquement la compétence de la Cour suprême ou de toute autre cour pour trancher tout différend ou toute plainte concernant l'utilisation, la distribution ou le contrôle des eaux de ou dans toute rivière ou vallée fluviale interétatique. Il a été soutenu que les appelants ne se sont pas présentés devant cette honorable Cour pour obtenir une décision sur le fond d'un différend qui est déjà en instance devant le Tribunal. Le grief des appelants ne porte que sur la mesure dans laquelle le Tribunal a décidé à tort qu'il n'avait pas compétence pour connaître d'une demande provisoire, étant donné que ce différend ne lui a pas été soumis dans le cadre de la saisine faite par le Gouvernement central. Il a été soutenu que cette Cour a la compétence pour décider de l'étendue des pouvoirs du Tribunal en vertu de la Loi et dans le cas où le Tribunal a refusé à tort d'exercer sa compétence en vertu de la Loi, alors cette Cour est compétente pour redresser la situation et ordonner au Tribunal d'examiner une telle demande et de statuer sur le fond.
10. Afin d'apprécier la controverse ci-dessus, il serait approprié de se référer à l'article 262 de la Constitution et à la section II de la loi qui se lisent comme suit : Article 262 - Règlement des différends relatifs aux eaux des rivières ou vallées fluviales interétatiques (1) Le Parlement peut, par la loi, prévoir le règlement de tout différend ou plainte concernant l'utilisation, la distribution ou le contrôle des eaux de ou dans toute rivière ou vallée fluviale interétatique. 509 (2) Nonobstant la présente Constitution, le Parlement peut, par la loi, prévoir que ni la Cour suprême ni aucune autre cour n'exercera sa compétence à l'égard d'un différend ou d'une plainte visés à la clause (1).
11. Article 11 « Nonobstant toute disposition contenue dans toute autre loi, ni la Cour suprême ni aucun autre tribunal n’aura ou n’exercera sa compétence à l’égard de tout litige relatif à l’eau qui pourrait être renvoyé à un tribunal en vertu de la présente loi. »
12. La lecture des dispositions ci-dessus ne laisse aucun doute sur le fait que, nonobstant toute disposition de la Constitution, le Parlement est autorisé par la loi à prévoir que ni la Cour suprême ni aucune autre cour n'exercera sa compétence à l'égard de tout différend ou plainte relatif à l'utilisation, à la distribution ou au contrôle des eaux de ou dans toute rivière ou vallée fluviale interétatique. Le différend soumis par le gouvernement central au Tribunal en vertu de la loi concerne la controverse susmentionnée et, en tant que telle, la présente Cour n'a pas compétence pour statuer sur le bien-fondé du différend soulevé par les appelants et pendant devant le Tribunal. La controverse, cependant soulevée par les appelants dans ces appels, est qu'ils ont soumis les demandes devant le Tribunal pour l'octroi de mesures provisoires pour cause d'urgence jusqu'au règlement définitif du différend et le Tribunal a jugé à tort qu'il n'avait pas compétence pour connaître de ces demandes. Le Tribunal est une autorité statutaire constituée en vertu d'une loi adoptée par le Parlement et la présente Cour a compétence pour décider des paramètres, de la portée, de l'autorité et de la compétence du Tribunal. C’est au pouvoir judiciaire, c’est-à-dire aux tribunaux, qu’incombe la fonction de déterminer avec autorité le sens d’un texte législatif et de fixer les limites de la juridiction de tout organe ou tribunal constitué en vertu du Statut. Francis Bennion, dans son livre « Statutory Interpretation », aux pages 53 et 548, a traité de la question de la manière suivante : « En vertu de la Constitution britannique, la fonction de déterminer avec autorité le sens d’un texte législatif est confiée au pouvoir judiciaire. Selon les termes de Richard Burn, il a l’exposition des lois, qui ne doit pas être exposée « dans un autre sens que celui qui est véritablement et correctement celui de leur exposition ». Ce n’est là qu’un aspect de la fonction générale de la Cour, qui consiste à appliquer le droit pertinent aux faits de l’affaire qui lui est soumise. Le point de départ est donc d’examiner cette fonction. » « Il appartient à la Cour seule de déclarer le sens juridique d’un texte législatif. Si quelqu’un d’autre (comme le rédacteur de la disposition) prétend établir le sens juridique, la Cour aura tendance à réagir de manière négative, considérant cela comme un empiétement sur sa sphère constitutionnelle.
13. Une formation constitutionnelle de cette Cour dans Sanjeev Coke Manufacturing Company c. Bharat Coking Coal Ltd. & Anr., [1983] 1 RCS 1000 à la p. 1029 a observé ce qui suit : « Nul ne peut parler au nom du Parlement et le Parlement n’est jamais devant la Cour. Une fois que le Parlement a dit ce qu’il avait l’intention de dire, ce qu’il voulait dire. Personne d’autre. Une fois qu’une loi quitte le Parlement, la Cour est la seule voix authentique qui peut faire écho (interpréter) au Parlement. La Cour le fera en se référant au libellé de la loi et à d’autres aides autorisées. Le gouvernement exécutif peut soumettre à la Cour sa compréhension de ce que le Parlement a dit ou avait l’intention de dire ou ce qu’il pense être l’objectif du Parlement et tous les faits et circonstances qui, à son avis, ont conduit à la législation. Lorsqu’il le fait, il ne parle pas au nom du Parlement. Aucune loi du Parlement ne peut être annulée en raison de la compréhension ou de la méconnaissance de l’intention du Parlement par le gouvernement exécutif ou parce que ses porte-parole (le gouvernement) n’exposent pas les circonstances pertinentes mais se livrent à des déclarations sous serment vides et contre-productives. Elles ne lient pas et ne peuvent pas lier le Parlement. La validité d’une loi ne doit pas être jugée uniquement par les déclarations sous serment déposées au nom de l’État, mais par toutes les circonstances pertinentes que la Cour peut finalement constater et plus particulièrement par ce qui peut être déduit de ce que le législateur a lui-même déclaré. Nous avons mentionné les faits tels que nous les avons constatés et nous ne pensons pas qu’il y ait eu une quelconque violation du droit garanti par l’article 14 ». Dans l’affaire Kehar Singh et Anr. c. Union of India et Anr., [1989] 1 SCC 204 à la p. 214, cette Cour a observé ce qui suit : « Au cours des débats, la question supplémentaire soulevée était de savoir si le contrôle juridictionnel s’étend à un examen de l’ordonnance rendue par le Président en vertu de l’article 72 de la Constitution. « Nous pensons qu’il faut d’emblée bien comprendre que nous nous limitons à la question de la portée et de l’étendue du pouvoir du Président et non à celle de savoir si ce pouvoir a été véritablement exercé sur le fond. En effet, nous pensons que l’ordonnance du Président ne peut être soumise à un contrôle juridictionnel sur le fond, sauf dans les limites strictes définies dans l’affaire Maru Ram c. Union of India. La fonction de déterminer si l’acte d’un fonctionnaire constitutionnel ou statutaire relève de l’attribution constitutionnelle ou législative du pouvoir, ou est entaché d’un déni de pouvoir résultant d’une appréciation erronée de l’étendue du pouvoir, est une question qui relève de la compétence de la Cour. »
14. Dans le litige relatif à la rivière Cauvery elle-même, une requête en vertu de l'article 32 de la Constitution a été déposée par la CauveryNeerppasana Vilaiporulgal Vivasayigal Nala Urimal Padhugappu Sangam du Tamil Nadu, qui était censée être une société enregistrée en vertu de la loi sur l'enregistrement des sociétés du Tamil Nadu, demandant à cette Cour d'ordonner à l'Union de l'Inde de soumettre le litige en vertu de l'article 4 de la loi et cette Cour dans Tamil Nadu Cauvery Neerppassna Vilaiporulgal Vivasayigal Nalaurimal Padhugappu Sangam v. Union of India & Ors. [1990] 3 SCC 440 a accueilli la requête et a ordonné au gouvernement central de remplir son obligation légale et de notifier dans la Gazette officielle la constitution d'un tribunal approprié pour le règlement du litige relatif à l'eau.
15. Nous estimons donc que la Cour est l'interprète ultime des dispositions de la loi de 1956 sur les différends relatifs à l'eau entre États et qu'elle est habilitée à déterminer les limites, les pouvoirs et la compétence du tribunal constitué en vertu de la loi. La Cour a non seulement le pouvoir mais l'obligation de décider si le tribunal a ou non compétence en vertu de la loi, pour examiner toute demande provisoire jusqu'à ce qu'il ait définitivement statué sur le différend qui lui a été soumis. L'argument ci-dessus avancé par le Dr YS Chitale n'a donc aucune force. Nous allons maintenant examiner les controverses soulevées sur le fond dans ces appels. Il a été soutenu au nom des appelants devant le Tribunal que celui-ci avait compétence pour examiner ces diverses requêtes en mesures provisoires. Tout d'abord, pour la raison que lorsque le Tribunal exerce le pouvoir d'accorder des mesures provisoires, il n'exerce qu'un « pouvoir accessoire et auxiliaire », puisque les mesures provisoires demandées découlent du différend relatif à l'eau qui a été soumis au Tribunal. Deuxièmement, en vertu de l’article 262 de la Constitution de l’Inde, une fois que le Parlement a promulgué la loi prévoyant le règlement d’un différend concernant le partage des eaux du bassin de Cauvery, aucun autre tribunal du pays n’a la compétence d’accorder une mesure provisoire et, en tant que tel, le Tribunal a les pouvoirs inhérents pour accorder la mesure provisoire, sinon les requérants ne disposeront d’aucun recours pour faire valoir leurs droits.
16. Le Tribunal a examiné le système de la loi après avoir fait référence aux dispositions des articles 3 à 6-A de la loi et a estimé que cette loi constituait un code complet en ce qui concerne le renvoi d'un différend. Le Tribunal était autorisé à trancher uniquement le « différend relatif à l'eau » ou les différends qui lui avaient été soumis. Si le Gouvernement central estimait qu'il existait une autre question liée au différend relatif à l'eau ou pertinente à cet égard qui avait déjà été soumise au Tribunal, il était toujours loisible au Gouvernement central de soumettre également ladite question en tant que différend au Tribunal constitué en vertu de l'article 4 de la loi. Le Tribunal a en outre statué comme suit : « Les mesures provisoires qui avaient été demandées, même si elles étaient liées au différend relatif à l'eau ou pertinentes à cet égard, ne peuvent être prises en considération car les différends relatifs à ces questions n'ont pas été soumis par le Gouvernement central au Tribunal.
17. En outre, il n’est pas non plus allégué dans ces requêtes que le différend relatif aux mesures provisoires ne peut être réglé par voie de négociation et que le gouvernement central a déjà formé l’opinion qu’il doit être renvoyé au Tribunal. Si les requérants des CMP n° 4, 5 et 9 de 1990 étaient lésés par la conduite de l’État du Karnataka et qu’une situation d’urgence survenait, comme ils le prétendent, ils auraient pu soulever un différend devant le gouvernement central et si le gouvernement central était d’avis que ledit différend ne pouvait être réglé par voie de négociation, ledit différend aurait également pu être renvoyé par le gouvernement central au Tribunal.
18. Le Tribunal s’est ensuite référé à l’ordonnance de renvoi datée du 2 juin 1990 et a observé que dans la lettre du 6 juillet 1986 du Gouvernement du Tamil Nadu, qui est à la base du renvoi, l’État du Tamil Nadu a demandé que le Tribunal soit saisi du différend suivant : 513(a) Les mesures exécutives prises par l’État du Karnataka pour construire les projets Kabini, Hemavathi, Harangi Swarnavathi et autres et étendre les ayacutdars (i) lesquelles mesures exécutives ont eu pour résultat de diminuer sensiblement l’approvisionnement en eau du Tamil Nadu ; (ii) lesquelles mesures exécutives ont sensiblement affecté les droits prédescriptifs des ayacutdars déjà acquis et existants ; et (iii) lesquelles mesures exécutives constituent également une violation des accords de 1892 et 1924 ; et (b) le fait que le Gouvernement du Karnataka n’a pas mis en œuvre les termes des accords de 1892 et 1924 relatifs à l’utilisation, à la distribution et au contrôle des eaux de la Cauvery. »
19. Le Tribunal a déduit de la lettre susmentionnée datée du 6 juillet 1986 qu'aucun différend provisoire relatif à la libération des eaux par le gouvernement du Karnataka d'année en année après la date de la demande formulée par l'État du Tamil Nadu n'a été soumis au Tribunal. Le Tribunal a donc estimé qu'à son avis, le Tribunal ne pouvait pas examiner la demande de mesures provisoires à moins que le différend y relatif ne lui ait été expressément soumis. Le Tribunal a ensuite examiné la question de savoir si l'octroi d'une mesure provisoire par le Tribunal relèverait de l'exercice de pouvoirs accessoires ou accessoires. Après avoir fait référence à certaines décisions de la Cour, le Tribunal a observé que les pouvoirs accessoires et accessoires doivent se rapporter au différend lui-même soumis et non à toute autre question, y compris l'octroi de mesures provisoires qui ne font pas du tout l'objet du renvoi. Le Tribunal a en outre jugé qu'il avait le pouvoir de rendre les ordonnances qui s'imposent pour trancher le litige et qu'il avait également des pouvoirs accessoires qui rendraient la décision de renvoi effective, mais que ces pouvoirs ne devaient être exercés que pour lui permettre de trancher le litige de manière efficace et non pour trancher les litiges qui n'avaient pas été renvoyés, y compris un litige relatif à l'octroi de mesures provisoires ou de mesures provisoires. Le Tribunal a également fait référence aux dispositions des articles 9 et 13 de la loi ainsi qu'aux règles de 1959 sur les litiges interétatiques relatifs à l'eau et a jugé que ces dispositions indiquaient également que le Tribunal n'avait pas le pouvoir d'accorder des mesures provisoires de la nature demandée. Il a été observé à cet égard que si l'intention du Parlement était que le Tribunal puisse accorder des mesures provisoires sans que le litige ne lui soit soumis, il aurait prévu ces pouvoirs soit dans la loi elle-même, soit dans les règles établies en vertu de la loi, mais cela n'a pas été fait. En ce qui concerne la deuxième demande, le Tribunal a estimé qu'il était erroné de prétendre que l'État du Tamil Nadu n'avait aucun recours à sa disposition, car il était loisible à l'État du Tamil Nadu de s'adresser au Gouvernement central et si le Gouvernement central estimait que le différend était lié au différend relatif à l'eau déjà soumis au Tribunal, il lui était loisible de soumettre également ledit différend au Tribunal en ce qui concerne l'octroi de mesures provisoires. Compte tenu de l'opinion exprimée ci-dessus, le Tribunal a estimé qu'il ne pouvait pas examiner les demandes d'octroi de mesures provisoires.
20. Nous avons examiné les arguments avancés par M. K. Parasaran au nom des appelants et par le Dr Chitale et M. Nariman au nom des intimés. L'avocat du territoire de l'Union de Pondichéry a adopté les arguments de M. K. Parasaran et l'avocat de l'État du Kerala a adopté les arguments du Dr Chitale.
21. Une lecture attentive de l'ordonnance de renvoi datée du 2.6.90, déjà extraite ci-dessus, montre clairement que le Gouvernement central avait renvoyé les différends relatifs à l'eau concernant la rivière interétatique Cauvery et sa vallée, découlant d'une lettre datée du 6 juillet 1986 du Gouvernement du Tamil Nadu. Ainsi, tous les différends découlant de la lettre datée du 6 juillet 1986 avaient été renvoyés au Tribunal. Le Tribunal a commis une grave erreur en omettant de lire le paragraphe important suivant contenu dans la lettre précitée datée du 6.7.86. DEMANDE D'ACTION RAPIDE POUR RENVOYER LE DIFFÉREND AU TRIBUNAL « À partir de 1974-75, le Gouvernement du Karnataka a retenu tous les débits de ses réservoirs. Ce n'est qu'une fois ses réservoirs remplis que les débits excédentaires sont évacués. Français Le préjudice infligé à cet État au cours de la dernière décennie en raison de l'action unilatérale du Karnataka et la souffrance que nous avons eue à courir pour quelques TMC d'eau à chaque fois que les cultures atteignaient le stade de dépérissement ont été brièvement décrits dans la note (pièce jointe XXVIII). Il est évident que le gouvernement du Karnataka a gravement violé les accords interétatiques et causé des dommages irréparables à l'irrigation séculaire de cet État. Année après année, la réalisation515 à Mettur diminue rapidement et des milliers d'acres de notre ayacut dans le bassin sont obligés de rester en jachère. La majeure partie de l'ayacut existant au Tamil Nadu, concentrée principalement dans les districts de Thanjavur et de Thiruchirappalli, est déjà gravement affectée dans la mesure où les opérations de culture sont retardées, les terres traditionnelles à double culture sont réduites à des terres à monoculture et les cultures, même dans les terres à monoculture, dépérissent et tombent par manque d'arrosage adéquat aux moments cruciaux. Nous sommes convaincus que le gouvernement du Karnataka profite du retard excessif dans la résolution du conflit pour étendre son système de canaux et son ayacut dans les nouveaux projets et que chaque jour de retard ajoute au préjudice causé à notre irrigation existante.
22. Le passage ci-dessus montre clairement que l’État du Tamil Nadu réclamait une réparation immédiate alors qu’année après année, les réalisations à Mettur diminuaient rapidement et que des milliers d’acres de leur ayacut dans le bassin étaient obligés de rester en jachère. Il a été spécifiquement mentionné que le retard excessif dans la résolution du différend est exploité par le gouvernement du Karnataka pour étendre ses réseaux de canaux et son ayacut dans les nouveaux projets et que chaque jour de retard ajoute au préjudice causé à son irrigation existante. Le tribunal a donc clairement eu tort de considérer que le gouvernement central n’avait pas fait référence à l’octroi d’une quelconque réparation provisoire. Nous ne nous préoccupons pas de savoir si les appelants ont droit ou non à une quelconque réparation provisoire sur le fond, mais nous sommes clairement d’avis que les réparations demandées par les appelants dans leurs CMP n° 4, 5 et 9 de 1990 relèvent clairement du champ d’application du différend soumis par le gouvernement central en vertu de l’article 5 de la loi. Le Tribunal n'a pas jugé qu'il n'avait pas le pouvoir accessoire et accessoire d'accorder une mesure provisoire, mais il a refusé d'examiner les CMP n° 4, 5 et 9 au motif que les mesures demandées dans ces demandes n'avaient pas été renvoyées par le gouvernement central. Compte tenu des circonstances susmentionnées, nous pensons qu'il n'est pas nécessaire que nous décidions dans cette affaire de la question plus large de savoir si un tribunal constitué en vertu de la Water Disputes Act a le pouvoir ou non d'accorder une mesure provisoire. Dans la présente affaire, les appelants ont le droit d'obtenir gain de cause sur la base de la conclusion que nous avons enregistrée en leur faveur selon laquelle les mesures demandées par eux dans leurs CMP n° 4, 5 et 9 de 1990 sont couvertes par le renvoi fait par le gouvernement central. Il convient également de noter qu'à la fin des arguments, il a été soumis devant nous au nom de l'État de Kanataka qu'il était d'accord pour aller de l'avant avec les CMP. Le Tribunal a statué sur le fond de l'affaire, à condition que tous les États parties aient accepté que toutes les questions516 découlant du différend relatif à l'eau, liées à celui-ci ou pertinentes à celui-ci (énoncées dans les plaidoiries respectives des parties), y compris toutes les demandes de directives/mesures provisoires présentées par les États parties, soient tranchées par le Tribunal sur le fond. Toutefois, les conditions susmentionnées n'ont pas été acceptées par l'État du Tamil Nadu et nous avons donc statué sur le fond de l'affaire.
23. En conséquence, les appels sont admis, le jugement du Cauvery Water Disputes Tribunal du 5 janvier 1991 est annulé et le Tribunal est chargé de statuer sur le fond des CMP n° 4, 5 et 9 de 1990. Compte tenu des faits et des circonstances de l'affaire, nous ordonnons aux parties de supporter leurs propres frais. SAHAI, J. Je suis d'accord avec mon collègue Kasliwal, J. que, dans le cadre du système constitutionnel, l'une des principales responsabilités de cette Cour est de déterminer la compétence, le pouvoir et les limites de tout tribunal ou autorité créé en vertu d'une loi. Mais j'ai des réserves sur d'autres questions, notamment sur l'interprétation de la lettre datée du 6 juillet 1986.
24. Il n'est cependant pas nécessaire que j'exprime une opinion à ce sujet, car ce qui était au départ une question d'une importance constitutionnelle et juridique profonde s'est évanoui lorsque les États du Karnataka et du Kerala ont déclaré, par l'intermédiaire de leurs avocats, qu'ils étaient d'accord pour que les demandes de directives provisoires soient tranchées sur le fond. Appels RP accueillis. 517