Cour constitutionnelle de Colombie, arrêt T-622/2016
Dans l’un des cas les plus marquants du mouvement pour les droits de la nature, la Cour constitutionnelle de Colombie La Cour a accordé des droits sur le fleuve Atrato, le reconnaissant comme sujet de droits impliquant sa protection, sa conservation, son entretien et, dans ce cas précis, sa restauration. Ce fleuve traverse l'une des régions les plus riches en biodiversité au monde et subit les pressions de l'exploitation minière et de la déforestation. Soulignant l'importance de dépasser une perspective purement anthropocentrique du droit, la Cour a déclaré :
[L]e plus grand défi auquel est confronté le constitutionnalisme contemporain en matière d'environnement est de parvenir à la sauvegarde et à la protection efficaces de la nature, des cultures et des modes de vie qui lui sont associés, ainsi que de la biodiversité, non seulement en raison de l'utilité matérielle, génétique ou productive qu'ils peuvent représenter pour les êtres humains, mais parce que, en tant qu'entités vivantes composées de multiples autres formes de vie et représentations culturelles, ils sont sujets de droits individualisables, ce qui en fait un nouvel impératif de protection et de respect intégraux de la part des États et des sociétés. En bref, seul un profond respect et une profonde humilité envers la nature, ses composantes et sa culture permettent d'établir un rapport juste et équitable avec elles, en laissant de côté toute conception limitée à des considérations purement utilitaires, économiques ou d'efficacité.
En d'autres termes, la nature et l'environnement constituent un élément transversal de l'ordre constitutionnel colombien. Leur importance réside, bien sûr, dans l'attention portée aux êtres humains qui les habitent et dans la nécessité d'un environnement sain pour mener une vie digne et bien-être, mais aussi dans leur relation avec les autres organismes vivants avec lesquels nous partageons la planète, considérés comme des êtres méritant protection. Il s'agit d'être conscients de l'interdépendance qui nous unit à tous les êtres vivants de la planète ; autrement dit, de nous reconnaître comme parties intégrantes de l'écosystème mondial – la biosphère – plutôt que de nous fonder sur des catégories normatives de domination, de simple exploitation ou d'utilité. Cette position est particulièrement pertinente dans le constitutionnalisme colombien, compte tenu du principe de pluralisme culturel et ethnique qui le sous-tend, ainsi que des savoirs, coutumes et traditions ancestrales hérités des peuples autochtones et tribaux. […]
Identifiant. au paragraphe 5.10.
La Cour a également reconnu pour la première fois les droits bioculturels, qui résultent de la relation profonde et intrinsèque entre la nature, ses ressources et la culture des communautés ethniques et autochtones qui l'habitent. Cette affaire est emblématique car elle repose sur l'approche écocentrique, qui signifie que la nature est sujette à des droits et doit être reconnue par les États. L'arrêt constate l'existence d'une grave violation des droits fondamentaux à la vie, à la santé, à l'eau, à la sécurité alimentaire, à un environnement sain, à la culture et au territoire des communautés ethniques habitant le bassin du fleuve Atrato et ses affluents, tous imputables aux entités étatiques colombiennes poursuivies. De plus, la Cour reconnaît le fleuve Atrato, son bassin et ses affluents comme une entité soumise aux droits, à la protection, à la conservation, à l'entretien et à la restauration de l'État, ordonnant finalement la décontamination du fleuve, entre autres mesures.
Si l'affaire du fleuve Atrato est une affaire importante en matière de droits des rivières, plusieurs autres affaires ont depuis été jugées en Colombie où les tribunaux ont jugé que les rivières sont titulaires de droits. Les tribunaux de première instance de toute la Colombie ont appliqué la jurisprudence de la Cour constitutionnelle concernant le fleuve Atrato, et désormais, les rivières Cauca, Magdalena, Coello, Combeima et Cocora, ainsi que la rivière La Plata, se sont toutes vues reconnaître des droits par les tribunaux colombiens.
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