Chevron Corp.

Accès à la Justice
Responsabilité d'entreprise
Responsabilité financière
Gaz de pétrole

Chevron Corp. c. Yaiguaje [2015] CSC 42 (4 septembre 2015)
Cour suprême du Canada   

Les citoyens équatoriens qui ont obtenu un jugement de plusieurs milliards de dollars contre Chevron Corporation (Chevron) pour une pollution environnementale importante causée par les opérations pétrolières en Équateur ont intenté une action pour faire reconnaître et exécuter le jugement au Canada. Chevron a cherché à classer l'affaire, affirmant que le tribunal canadien n'était pas compétent. 

La Cour suprême a affirmé que les tribunaux canadiens adoptent une approche libérale en matière d’exécution des jugements étrangers, déclarant : « [L]a seule condition préalable est que le tribunal étranger ait un lien réel et substantiel avec les plaideurs ou avec l’objet du litige, ou que les bases traditionnelles de compétence étaient satisfaites. Id., par. 27. La Cour a refusé d'adopter l'exigence selon laquelle une partie souhaitant faire exécuter un jugement doit démontrer l'existence d'un lien réel et substantiel entre le défendeur ou l'action et le tribunal d'exécution. Une telle exigence n'est pas nécessaire, selon la Cour, puisque le seul but de l'action est de permettre l'exécution d'une obligation préexistante et que son exécution au Canada se limite à des mesures qui ne peuvent être prises que dans les limites de la juridiction et conformément à ses règles. Par. 42, 46. « À l'ère de la mondialisation et de l'électronique, exiger qu'un créancier judiciaire attende que le débiteur étranger soit présent ou ait des actifs dans la province avant qu'un tribunal puisse conclure qu'il a compétence en matière de procédure de reconnaissance et d'exécution reviendrait à transformer un œil fermé sur la réalité économique actuelle. Para. 57.

Chevron a également soutenu que les tribunaux canadiens n'avaient pas compétence à son égard simplement en raison de la présence d'une filiale en propriété exclusive au Canada (Chevron Canada). Chevron a exhorté la Cour à déclarer que la compétence ne peut être atteinte à moins qu'il n'y ait un lien entre l'objet de la réclamation et les activités exercées dans la province comme condition préalable à la conclusion de compétence. La Cour suprême a rejeté cet argument, estimant que la présence commerciale de l'entreprise dans le pays suffit à établir la compétence. Para. 81.

La Cour suprême a conclu en déclarant : « Établir la compétence signifie simplement que la dette alléguée mérite l'assistance et l'attention des tribunaux de l'Ontario. Une fois que les parties ont dépassé la phase juridictionnelle, le défendeur peut encore avoir la possibilité d'argumenter . . . . l'un des moyens de défense disponibles contre la reconnaissance et l'exécution. . . .» Para. 77.