ArcelorMittal Afrique du Sud c. Vaal Environmental Justice Alliance

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Secrétaire général d'ArcelorMittal Afrique du Sud c. Vaal Environmental Justice Alliance [2014] ZASCA 184
Cour suprême d'appel d'Afrique du Sud

Un groupe de citoyens (VEJA) a soumis des demandes d'accès à l'information à une entreprise sud-africaine de production d'acier (ArcelorMittal) pour obtenir le plan directeur de l'entreprise et des rapports d'avancement concernant la protection de l'environnement et la réhabilitation de deux sites de production. ArcelorMittal a refusé de divulguer certains documents.

La loi sud-africaine sur la promotion de l’accès à l’information accorde l’accès du public à tout dossier d’un organisme privé si ce dossier est nécessaire « pour la protection de tout droit ». Dans sa demande, VEJA a souligné le droit constitutionnel à un environnement sain et a déclaré qu’elle souhaitait obtenir ces informations pour s’assurer qu’ArcelorMittal respecte les lois environnementales et que les mesures d’assainissement des sites de fabrication sont mises en œuvre. ArcelorMittal a affirmé que VEJA usurpait de manière inappropriée le rôle de l’autorité de régulation et n’était pas en droit d’accéder au plan directeur.

La Cour a observé que « les activités industrielles [d'ArcelorMittal], ayant un impact sur l'environnement, notamment sur la qualité de l'air et les ressources en eau, ont un effet sur les personnes et les communautés du voisinage immédiat et sont en fin de compte importantes pour le pays dans son ensemble. En d'autres termes, cela signifie que le public est affecté et que les activités [d'ArcelorMittal] et leurs effets sont des questions d'importance et d'intérêt public. » Paragraphe 52. La Cour a clairement reconnu que VEJA joue un rôle essentiel en tant que défenseur de la justice environnementale.

ArcelorMittal a également exhorté la Cour à établir une distinction entre les obligations de l’État et celles des parties privées en matière de divulgation d’informations. La Cour a noté : « Il faut se garder de forcer les entreprises à dévoiler leurs comptes sur des allégations d’erreurs ou d’irrégularités mineures. Les motifs invoqués par VEJA pour sa demande ne relèvent pas de la catégorie des motifs futiles ou frivoles. Cela nous concerne tous. À mon avis, il est clair que VEJA a fourni une base adéquate à ses demandes et a droit aux informations demandées ; elle est en droit, en tant que défenseur de la justice environnementale, de surveiller les activités d’[ArcelorMittal] et leurs effets sur l’environnement. » Paragraphe 80.

La Cour a critiqué le manque de franchise d'ArcelorMittal tout au long du litige et a émis un avertissement sévère : « Les entreprises opérant à l'intérieur de nos frontières, qu'elles soient locales ou internationales, ne doivent avoir aucun doute sur le fait qu'en matière d'environnement... il n'y a pas de place pour le secret et que les valeurs constitutionnelles seront respectées. » Para. 82.

La Cour a accordé les dépens à VEJA.