Kansol SA et Roswell Company SA c/ La Ley No. 5194

Populations indigènes
Droits fonciers

Kansol SA et Roswell Company SA c/ La Ley n° 5194 Que Declara de Interest Social y Expropria a Favor del Institute Paraguayo del Indigena (INDI), année 2014 n° 797
Cour suprême du Paraguay 

La loi 5194/14 (promulguée le 11 juin 2014) a exproprié les terres de deux sociétés d'élevage et en a restitué la propriété à une communauté autochtone (Comunidad Indigena Sawhoyamaxa del Pueblo Enxet). Les sociétés d'élevage (Kansol SA et Roswell Company SA) ont intenté une action en justice pour contester la constitutionnalité de la loi 5194/14.

La Constitution du Paraguay (depuis 1992) et divers accords internationaux obligent le Paraguay à protéger les peuples autochtones et leurs droits sur les terres traditionnelles. Le Paraguay est partie à la Convention américaine relative aux droits de l'homme depuis 1989 et a donc accepté la compétence de la Cour interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) et la force contraignante de ses arrêts. En 2006, la CIDH a ordonné au Paraguay de restituer ses terres au Sawhoyamaxa del Pueblo Enxet dans un délai de trois ans. Selon la Cour suprême paraguayenne, la CIDH a déterminé dans son jugement de 2006 dans l’affaire des Sawhoyamaxa que « la productivité de la terre n’est pas une raison valable pour refuser aux [peuples] autochtones leurs terres traditionnelles ». Para. 8.1.

Étant donné que le Congrès paraguayen a le pouvoir constitutionnel d’exproprier des terres (à des fins d’utilité publique ou d’intérêt social, et moyennant une juste compensation), les actes d’expropriation du Congrès ne peuvent être contestés que lorsque ces actes sont manifestement arbitraires. La Cour suprême a décidé que la loi 5194/14 était conforme au droit national et international et n'était manifestement pas arbitraire. Le tribunal a conclu que « après avoir lu les articles de la loi d’expropriation contestés, et souligné que la présente affaire concerne des revendications de longue date des communautés indigènes, dont les droits sont constamment restés relégués, et reconnaissant l’extrême injustice d’un autre retard qui serait causé par en acceptant les demandes des plaignants, sur une question largement débattue, même dans les forums internationaux, … la controverse ne peut plus continuer sans une résolution définitive. La loi contestée est conforme à la réalisation de cet objectif. Para. 9.1.